Eoliennes 2 

Arc-boutée sur son énergie nucléaire prétendument « propre » et censée assurée l’indépendance énergétique du pays, la France ne risque -t-elle pas de passer à côté de la transition énergétique ? Enfermée dans sa tradition centralisatrice et dans une gouvernance d’un autre temps où les décisions se prennent dans de petits cénacles hors de tout débat démocratique, notre pays a pris un train de retard sur ses voisins européens. Ceux ci ont compris que « la troisième révolution énergétique » était une nécessité comme le montre l’essayiste américain Jeremy Rifkin dans son dernier essai. Qu’il fallait tendre vers de nouveaux modèles énergétiques faits de millions de petits producteurs. Et que l’avenir était aux énergies renouvelables qui ont déjà permis à l’Allemagne de créer plus de 350 000 emplois.

 

En France en 2011, les importations de pétrole et de gaz ont atteint un record de 71 milliard d’euros, plus que les budgets additionnés des ministères de l’Education nationale, de la Jeunesse et des sports, de la Culture et de la Santé. « Au lieu de remplir les poches des monarchies pétrolières et des oligarques russes, ces devises économisées seraient bien plus utiles si elles étaient affectées à la transition énergétique », tonne Thierry Salomon, le président de l’Association NégaWatt qui milite pour que  nous changions de modèle énergétique . Deux ans après la catastrophe de Fukushima qui a montré à nouveau que « l’énergie atomique » représentait un risque inacceptable pour l’humanité tout entière, il est grand temps de sortir de l’ébriété énergétique et du nucléaire.

Il est temps d’emboiter le pas aux citoyens, élus et entrepreneurs clairvoyants et courageux comme ceux de la communauté de communes du Mené en Bretagne ou de la ville de Montdidier dans la Somme qui ont compris que, face aux menaces du changement climatique, les conséquences de l’inaction seraient beaucoup plus élevées que le coût de l’action. C’est ce qu’a démontré en 2006 l’économiste britannique Nicholas Stern. Mobiliser 1% de la richesse mondiale permettrait, selon lui, d’enrayer la spirale du réchauffement du réchauffement climatique.

Le candidat Hollande l’avait annoncé, le président de la République l'a réaffirmée lors de son discours d'investiture : une grande consultation doit être organisée pour engager dès 2013 la transition énergétique de la France. Les Français sont invités, jusqu’au mois de juillet, à participer à ce débat. Des réunions publiques (plutôt discrètes jusque là) sont programmées à travers toute la France, notamment le 25 mai à l’occasion de la journée citoyenne. Ces consultations et débats conduiront à un projet de loi de programmation sur la transition énergétique prévu pour le mois d’octobre 2013. « C'est à chacun d’entre nous d’agir pour arracher les décisions politiques nécessaires en interpellant les candidats et les élus, en proposant des solutions et en construisant des alternatives concrètes. Chacun doit devenir l’un des musiciens du concert, et non rester un simple spectateur », insiste Thierry Salomon.

 

Eric Tariant

 

Pour aller plus loin :

http://www.gouvernement.fr/gouvernement/debat-sur-la-transition-energetique-comment-participer : le site internet du gouvernement qui se veut le relais de cette consultation citoyenne.

 

www.transition-energetique.gouv.fr :

 

 

Entretien avec Thierry Salomon

 

Réussir la transition énergétique

 

Et si la plus importante ressource d’énergie dont nous disposions résidait dans les innombrables facultés que nous avons de l’économiser dans nos maisons, nos voitures, nos ordinateurs, notre urbanisme et nos modes de transports ? Ce gigantesque gisement de non consommation est à la base du premier scénario négaWatt lancé en 2003 par 25 professionnels de l’énergie (ingénieurs, économistes, architectes, responsables associatifs, urbanistes) engagés dans la recherche d’un avenir énergétique durable. En 2011, quelques mois après la catastrophe de Fukusima, l’association NégaWatt a publié un second scénario. « Changer de modèle énergétique, réussir la transition en sortant des filières du passé (pétrole, gaz, charbon et nucléaire), pourrait constituer une formidable opportunité, une chance de faire advenir une société plus équilibrée, plus juste et plus humaine,» insistent-ils. Entretien avec Thierry Salomon, président de l’association NégaWatt.

 

Quels sont les trois piliers du scénario négawatt ?

Sobriété, efficacité, énergies renouvelables. Les potentiels d’économie par l’efficacité et la sobriété énergétiques constituent une véritable ressource, au même type qu’un gisement de pétrole ou de gaz fossile, qu’une mine de charbon ou d’uranium : on peut ainsi parler de véritable gisement de négawatts, c'est-à-dire d’énergie dont la non consommation permet de la réserver à d’autres usages ou d’éviter une production inutile. Isoler les bâtiments publics et privés, optimiser l’éclairage public, mieux organiser les déplacements sont des opérations génératrices de négawatts. Hélas, ces gisements sont moins connus et moins prospectés que l’or noir. Pour nous mettre en route dans la bonne direction, c’est par la composante sobriété qu’il faut commencer. Vient ensuite l’efficacité avec sa cohorte de solutions techniques déjà à notre disposition en attendant celles qui viendront demain. Les besoins ainsi réduits, c’est vers les énergies de flux, les énergies renouvelables qu’il faut se tourner. Sobriété, efficacité, renouvelables : tel est l’ordre logique de la démarche NégaWatt. Ce scénario vise à démontrer qu’un système énergétique « 100% négawatts et renouvelables » est techniquement possible. Il s’accompagne de propositions d’actions politiques et de mesures à mettre en place mais aussi d’une évaluation quantitative des bénéfices sociaux et économiques que l’on peut en attendre.

 

Au sein de votre trilogie sobriété, efficacité, renouvelables, n’est ce pas la sobriété qui est la plus difficile à mettre en œuvre dans nos sociétés arcboutées sur la croissance?

L’efficacité énergétique est en effet très consensuelle dans nos sociétés où les notions de rendement et de performances sont omniprésentes. Le contraire de l’efficacité c’est le gaspillage. En France, celui est énorme en raison de rendements énergétiques désastreux. Notre secteur électrique perd plus de 800 milliards de kilowatt-heure (kWh). Ces pertes sont supérieures à la chaleur qui alimente tous les bâtiments de France. Il faut savoir par exemple que le taux de rendement d’une centrale nucléaire ne dépasse pas 33%. La chaleur perdue n’est ni récupérée ni valorisée. S’agissant des énergies renouvelables, on observe une montée en puissance très rapide. Promouvoir la sobriété est en effet plus complexe. Car celle ci est fonction du mode de fonctionnement de nos sociétés et de l’imprégnation de notre imaginaire individuel et collectif. Sobriété ne signifie nullement rationnement. Il ne s’agit pas de renoncer à notre mode de vie. Mais, de revenir à des indicateurs de consommation, en termes de logement, d’alimentation et de transports, qui étaient ceux des années 1990. La religion de la croissance est tellement ancrée dans notre imaginaire qu’il nous est difficile de penser différemment. L’association négaWatt ne prône pas la décroissance mais une croissance sélective. Quand 8 millions de personnes sont en situation de précarité énergétique, il est opportun que la croissance se poursuive dans le secteur énergétique. Dans un appartement bien isolé, on bénéficie de plus de bien être tout en consommant moins d’énergie. Il faut s’intéresser à l’usage que l’on fait des kWh. Certains sont essentiels, d’autres pas du tout. Il y a de plus en plus d’écrans vidéo installés dans le métro parisien. Chacun d’entre eux consomme 6 000kwh par an, c'est-à-dire l’équivalent de la consommation électrique de deux familles. Quel gâchis.

En développant l’habitat pavillonnaire en grande couronne, on a multiplié les consommations d’énergie. Le banlieusard dépense plus d’essence, car il est obligé d’effectuer de longs trajets en voiture faute de transports en commun. Il consomme en outre plus d’énergie pour chauffer une maison individuelle qui perd beaucoup plus d’énergie qu’un simple appartement.

 

Dans le parc de logements privés, comment va-t-on parvenir à cette efficacité énergétique ?

Dans le neuf, nous sommes sur la bonne voie grâce à la réglementation thermique 2012. Travailler sur le parc existant est en revanche beaucoup plus difficile. Car chaque cas de figure est unique. Il faut faire de la haute couture pour le prix du prêt à porter. Depuis dix ans, nous préconisons que la rénovation des logements anciens soit obligatoire, comme il est obligatoire de rénover son installation électrique par exemple.

 

Des financements publics accompagneront-ils cette obligation de rénovation ?

C’est un réflexe très français de se tourner vers l’Etat. Il faudra apporter des réponses de façon sectorielle, les problématiques sont différentes pour les maisons individuelles, les bâtiments et les HLM. L’idée serait de déterminer la valeur énergétique des biens. Si après expertise, il ressort que 30 000 euros de travaux sont indispensables pour isoler une maison, la valeur de celle ci sera décotée de 30 000 euros. L’acquéreur du bien économisera 30 000 euros sur le prix d’achat. Ill pourra utiliser cette somme pour financer ses travaux d’isolation. C’est une des possibilités, il en existe beaucoup d’autres. Il faut que l’état définisse et mette en place des règles du jeu pour que le marché démarre.

 

La France, dites-vous, serait bénie des Dieux en matière d’énergies renouvelables. Ce potentiel est il si important que cela?

Nous disposons du deuxième gisement éolien d’Europe, d’une des façades maritimes les plus grandes au monde. Nous bénéficions d’un ensoleillement correct, relativement abondant comparé à d’autres pays. Nous avons aussi de la géothermie de profondeur sur le tiers du territoire national, une des plus grandes forêts d’Europe et de la biomasse dans un pays dont la population n’est pas très dense. Le scénario NégaWatt est un scénario d’autonomie. Il s’agit de répondre à nos besoins énergétiques sans être tributaires d’importations.

 

Quels sont les principaux blocages au développement des énergies renouvelables en France ?

Le blocage vient principalement des grands opérateurs publics et privés qui dominent le secteur de l’énergie. Habitués à des situations de monopole ou de cartel plus ou moins avoués, ils ne voient pas d’un bon œil la perspective que particuliers, entreprises et collectivités subviennent à leurs propres besoins et s’organisent pour exploiter de manière autonome les ressources présentes dans leur environnement immédiat.

Le blocage provient aussi des valses hésitations des gouvernements. Le secteur photovoltaïque a particulièrement souffert ces dernières années des politiques de stop and go de ceux-ci dans un domaine où la France avait déjà pris du retard. Lors du Grenelle de l’environnement, le gouvernement a soudain décidé de se doter du meilleur tarif de rachat de l’électricité solaire au monde. Plusieurs ONG l’ont mis en garde quant au risque de créer des bulles spéculatives. Nous lui avons recommandé de plutôt mettre sur pieds, à la place, une vraie filière de production et de fabrication d’énergie solaire. Nous n’avons pas été entendus. Les prix de rachat de l’électricité proposé en France étant très attractifs, tout le monde a commencé à faire du photovoltaïque. Le gouvernement a pris peur. Il a opéré, dans l’urgence, par décret, un revirement complet. Adopté alors que Nathalie Kosciusko-Morizet était ministre de l’environnement, ce décret a décimé une partie de la filière et mis au chômage 18 000 personnes.

 

Vous avez apporté, récemment, une nouvelle contribution au débat national en publiant une étude consacrée à l’impact du scénario NégaWatt sur l’emploi et sur l’économie. Les bénéfices économiques générés par la transition énergétique seront ils importants ?

 Nous importons, chaque année, l’équivalent de 69 milliards d’euros d’énergies fossiles. Ces importations plombent notre balance extérieure. La mise en œuvre du scénario NégaWatt nous permettrait d’obtenir une plus grande autonomie énergétique et une meilleure sécurité en termes géopolitiques. En cas d’aggravation des tensions entre Israël et l’Iran par exemple, le prix du baril pourrait grimper à nouveau à 150 dollars. L’application de notre scénario permettrait à la France d’être moins dépendante des énergies fossiles importées. Il générerait aussi des bénéfices dans le domaine social et en termes d’emplois. Bénéfices sociaux, car en lançant un grand programme de rénovation énergétique, nous nous attaquerons de front en même temps au problème de la précarité énergétique. Nous montrons, dans notre étude, que la transition énergétique sera globalement créatrice d’emplois. Il y aura des secteurs gagnants et des secteurs perdants. Un plan de rénovation énergétique massif des logements existants générerait à lui seul 586 000 créations d’emplois. Le secteur des énergies renouvelables sera lui aussi créateur de très nombreux postes de travail -535 000- dans la biomasse, l’éolien et le photovoltaïque, ainsi que, dans une moindre mesure, le solaire thermique. Nous perdrons en revanche des emplois, du fait de la transition, dans d’autres secteurs. Dans la construction neuve notamment puisque l’effort se concentrera en priorité sur l’optimisation du parc existant. En réaffectant par exemple les locaux industriels en friche vers des usages tertiaires. Le nombre d’emplois baissera aussi dans le secteur des transports puisque les transports en commun et les approches mutualisées –auto-partage, co-voiturage, taxis collectifs- seront encouragées. Mais aussi dans le secteur nucléaire, le scénario NégaWatt misant sur un abandon progressif du nucléaire s’étalant jusqu’en 2033. Mais, au total, la transition énergétique que nous appelons de nos vœux aura un solde positif sur l’emploi, particulièrement à l’horizon 2030. On pourrait créer 632 000 emplois à cette échéance.

 

Quel va être le rôle des citoyens dans ce processus de transition énergétique ?

Ce sont les citoyens, c'est-à-dire chacun d’entre nous, qui devront agir pour arracher les décisions politiques nécessaires à la transition énergétique en interpellant les candidats et les élus, en proposant des solutions et en construisant des alternatives concrètes. Chacun d’entre nous doit devenir l’un des musiciens du concert, et non rester un simple spectateur.

 

Propos recueillis par EricTariant

 

Pour aller plus loin :

www.negawatt.org

 

Lire :

 

« Changeons d’énergies. Transition, mode d’emploi ». Association NégaWatt (Actes Sud 2013)

 

« Manifeste Négawatt. Réussir la transition énergétique ». Association NégaWatt (Actes Sud 2012)

 

Germes de transition made in France

 

Distancée par des pays comme l’Allemagne et le Danemark qui ont misé très tôt sur une politique énergétique décentralisée et démocratisée, la France commence à relever la tête. Lentement mais sûrement, la transition est en marche dans l’hexagone comme en témoigne les réalisations qui germent, ici et là, à travers le pays à l’initiative de citoyens, d’élus et d’entrepreneurs. Dans la communauté de communes du Mené en Bretagne et à Montdidier dans la Somme notamment, mais aussi, au niveau national, avec la coopérative Enercoop, seul fournisseur à s’approvisionner directement et à 100% auprès de producteurs d’énergies renouvelables.

 

Enercoop l’énergie verte et citoyenne

Créée en 2005, la coopérative d’intérêt collectif Enercoop s’est fixée pour objectifs de promouvoir les énergies renouvelables, d’encourager les économies d’énergie et de favoriser l’appropriation citoyenne de ces questions. Profitant de la libéralisation du marché mise en place par les Communautés européennes par les directives de 1996 et 2003, une douzaine de militants écologistes associatifs, chefs d’entreprises du secteur des énergies renouvelables et financiers solidaires ont décidé de construire une alternative concrète. En une poignée d’années, ils sont parvenus à faire la preuve qu’il était possible de sortir des énergies fossiles et nucléaires pour offrir une énergie 100% renouvelable.

Enercoop est aujourd’hui le seul fournisseur à s’approvisionner directement et à 100% auprès de producteurs d’énergies renouvelables : hydraulique, éolien, solaire, photovoltaïque et biomasse. Les producteurs injectent sur le réseau l’équivalent de l’énergie consommée par les clients d’Enercoop.

La réduction de la consommation d’énergie étant un enjeu essentiel de la transition énergétique, la coopérative a mis en place des solutions pour aider les particuliers et professionnels à tendre vers cet objectif. Elle a  créé un nouvel outil d’autodiagnostic permettant de mesurer précisément sa consommation, appareil par appareil, et d’obtenir des conseils personnalisés et chiffrés.

« La question de l’énergie ne peut être déléguée à des industriels, expliquait en novembre dernier sur ARTE Patrick Behm, directeur général d’Enercoop. Il faut comprendre ce que l’on consomme, comment l’énergie est produite, et être le propre acteur de sa consommation et de sa production. C’est tout à fait possible en étant sociétaire de structures comme ENERCOOP. Le citoyen doit être replacé au centre de la boucle énergétique. »

Dans cet objectif, la coopérative associe les sociétaires au sein de six collèges  : consommateurs, producteurs, salariés, porteurs de projets, partenaires et collectivités. Tous sont représentés au sein du conseil d’administration. Aujourd’hui, la Scoop compte 9000 sociétaires et 15 000 clients dont 13500 particuliers. Enercoop souhaite créer des coopératives dans chaque région de France au sein desquelles chaque citoyen puisse investir et devenir à la fois producteur et consommateur d’énergie verte. Aujourd’hui, six sont déjà en service dans les régions Champagne Ardennes, Rhône-Alpes, Pas de Calais, Languedoc Roussillon, Provence Alpes-Côtes d’Azur et Bretagne.

En novembre 2012, la coopérative s’est associée à d’autres acteurs pour créer Energies partagées, un fonds qui a pour vocation de soutenir des projets au niveau local, développés par des citoyens, des collectivités et des associations. Grâce à celui ci, des particuliers et personnes morales peuvent désormais financer des projets d’installation d’énergie renouvelable et de maîtrise de l’énergie.

Au printemps 2011, une fédération européenne des coopératives citoyennes d’énergie renouvelable a vu le jour à Bruxelles. Cette structure baptisée Rescoop 20-20-20 regroupe 12 organisations implantées dans 7 pays. « Nous voulons rassembler l’ensemble des expériences européennes de promotion des énergies renouvelables et tout mettre en commun pour encourager leur développement,», explique Patrick Behm.

Enercoop

9-11, avenue de Villars

75 007 Paris

www.enercoop.fr

www.rescoop.eu

 

 

Le Mené vers le zéro pétrole et zéro atome

Pourquoi acheter cher à l’étranger des énergies -polluantes- alors que l’on dispose sous nos pieds de ressources renouvelables et durables ? C’est cette réflexion qui a conduit un groupe d’élus, d’agriculteurs et d’associations du Pays du Mené, dans les Côtes d’Armor, à s’embarquer dans l’aventure des énergies renouvelables.

 Les 7 communes et 6500 habitants de la communauté de Communes du Mené, emmenés par une brochette de militants, se sont fixés pour objectif de parvenir à 75% d’autonomie énergétique en 2020 et à l’autosuffisance en 2030.

Depuis 2011, une partie de leur électricité est produite par méthanisation à partir des déjections de porcs collectées auprès d’éleveurs situés dans un rayon de 20 kilomètres. A Saint-Gouéno, Jacky Agniel, le maire du village qui est aussi agriculteur, a mis en place une autre alternative au pétrole. Il a créé une huilerie qui produit, par pressurisation à froid de graines de colza, du carburant pour les tracteurs et des tourteaux de colza destinés à l’alimentation animale. Résultat ? La commune, qui n’importe plus de soja brésilien, a réduit ses émissions de C02. Deux communes ont substitué le bois des forêts voisines au fuel et gaz en équipant leur centre bourg de réseaux de chaleur fonctionnant avec des chaudières à bois. Deux bourgs sont en cours d’équipement, et deux autres en phase d’études préliminaires. Le bouquet énergétique est en train de s’enrichir d’une autre ressource renouvelable –le vent- grâce à la construction d’un parc éolien comprenant 7 machines de 1 mégawatt chacune. Ce projet, en train de sortir de terre, repose sur la participation de la population locale. Plus de 120 familles ont mis la main au portefeuille par l’entremise de Cigales (Club d’investissement pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire) pour financer le projet. Les habitants de ces vertes collines ont compris que l’avenir était à une énergie décentralisée et démocratisée.

La cohérence du projet d’autonomie énergétique commence à porter ses fruits également dans le domaine de l’emploi. La pépinière d’entreprises Ménerpole a attiré, dans cette région longtemps sinistrée, une belle brochette de PME : bureaux d’études et entreprises spécialisés dans les énergies renouvelables, les études thermiques, l’éco habitat, les chaudières à bois et la méthanisation.

Communauté de communes du Mené

 

 

Montdidier vers l’énergie positive

Ancienne infirmière, Catherine le Tyrant a toujours eu à cœur de prévenir plutôt que de guérir. Devenue maire de Montdidier en 2001 (Somme), elle s’emploie depuis à mettre à l’épreuve ce précepte sur le terrain dans sa commune de 6000 habitants. Cette exigence l’a conduit à se lancer dans une politique ambitieuse de maîtrise de la demande énergétique et de développement des énergies renouvelables. Montdidier ayant refusé en 1946 de passer sous le giron d’EDF, c’est la régie communale qui gère la fourniture et l’acheminement de l’énergie sur son territoire. La formule s’est avérée efficace pour réduire la facture énergétique des habitants. En 2006, la commune a commencé par s’attaquer à l’éclairage public. Elle a remplacé des luminaires et installé des réducteurs de puissance qui lui ont permis de réaliser 22% d’économies d’énergie. En 2008, elle a inauguré un réseau de chaleur municipal qui alimente, grâce à une chaufferie bois, l’hôpital, les établissements scolaires et le gymnase tout en réalisant des travaux de réhabilitation thermique dans l’ensemble des écoles. En 2010, cap sur l’éolien. Quatre mats ont été érigés au milieu des betteraves.

Résultat : en dix ans, Montdidier est parvenue à produire localement 50% de son électricité et à réduire ses émissions de C02 de 15%. Son objectif ? Atteindre l’autonomie énergétique en 2015 et, devenir, à l’horizon 2020, un territoire à énergie positive. Désertée par les industriels dans les années 1990, Montdidier retrouve des couleurs en termes d’emploi grâce au développement durable et aux énergies renouvelables. Une cinquantaine de postes spécialisés y ont été créés.

www.ville-montdidier.fr