C’est à l’apogée du mouvement sécessionniste viennois, dans ces années 1895-1905 pleines d’effervescence que nous plonge, Nuda veritas, exposition organisée par le musée des beaux-arts de Budapest autour de la figure centrale de Gustave Klimt.

C’est une toile pleine de sensualité et d’impudeur. Une femme nue au regard énigmatique se tient debout fixant le spectateur droit dans les yeux. Les ondulations de sa chevelure rousse parsemée de marguerites, signes de fécondité, viennent caresser l’extrémité de ses seins. Un serpent, symbole du mal et de la tentation, enlace ses pieds. Peint en 1899 par Gustav klimt, Nudas veritas, est le manifeste du mouvement sécessionniste viennois mais aussi le titre de la nouvelle exposition du Musée des Beaux-arts de Budapest. «·Si tu ne peux plaire à tous par tes actes et tes œuvres d’art, contente quelques-uns. Il est grave de plaire à beaucoup. » Inscrite dans la partie haute du tableau, cette citation de Schiller traduit l’attitude rebelle et l’ambition élitaire des Sécessionnistes viennois. Leur objectif·? S’affranchir de l’académisme et de l’historicisme de leurs prédécesseurs. Cette volonté de rupture avec le passé se manifeste par la création de leur propre espace d’exposition, le Palais de la sécession et d’une association d’artistes née en 1897 dont Klimt sera le premier président. C’est à l’âge d’or de la Sécession viennoise, aux années 1895 à 1905, que s’intéresse le musée des Beaux-arts de Budapest. Au programme quelques 200 œuvres -dessins, estampes, toiles et sculptures- issues en majorité de musées viennois et de l’Albertina en particulier et de multiples collections privées. Elles sont dues aux principaux fondateurs du mouvement, les Gustave Klimt, Josef Engelhart, Maximilian Lenz, Alfred Roller et Kolo Moser. Mais aussi à une brochette d’artistes, aujourd’hui oubliés, qui ont joué, par l’entremise de groupes artistiques comme le Cercle Hagen et le Club des sept un rôle majeur dans cette épopée. On retrouvera aussi sur les cimaises du musée de grandes figures de l’art contemporain international du tournant du siècle dont Cézanne, Degas, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Whistler, Munch et Hodler qui ont inspiré les Sécessionnistes.

 

Gustave Klimt, le leader spirituel du mouvement, s’octroie une part de choix dans ce parcours historique.

«·Klimt a assuré la transition entre une peinture représentative se référant à l’histoire et au mythe et un art fondé sur le symbolisme et le post-impressionnisme dans lequel s’exprime la crise de l’individu. Les portraits psychologiques et les corps à l’expressivité exacerbée de la génération suivante sont inconcevables sans la peinture de Klimt,·» souligne l’historien d’art Patrick Werkner.

C’est sous l’influence d’artistes symbolistes comme Khnopff et Toorop que le peintre viennois se détache progressivement de l’Académisme. En témoigne sa grande et scandaleuse fresque parcourue de corps nus semblant flotter dans l’espace réalisée en 1893 pour l’Université de Vienne. Elle a pour sujet la médecine, la jurisprudence et la philosophie. Autre signe de la victoire d’un art nouveau sur les tendances conservatrices, autre symbole de la nouvelle Sécession viennoise, Pallas Athénée réalisée en 1897. La déesse porte une armure dorée et tient dans sa main, en lieu et place de la victoire, la sculpture de la Nudas veritas, présenté sous la forme d’un nu féminin. Au centre du tableau, le combat de Thésée contre le Minotaure est une métaphore de la victoire de l’avant-garde sur le passé, du «·nouvel art vrai·» sur l’héritage traditionnel. De salle en salle, à travers les toiles voluptueuses de Klimt, de son élève Kokoschka· ou celles plus torturées de Schiele, on plonge dans l’extraordinaire bouillon de culture que fut, dans ces années là, la capitale de l’Empire austro-hongrois. Synonyme de bonne humeur, de joie de vivre et d’insouciance, Vienne était aussi le cœur du monde crépusculaire de la Mitteleuropa, le laboratoire de la désintégration des normes et de l’effondrement de l’ordre social, culturel et économique. Une société aux mœurs rigides, refoulant l'expression des sentiments dépeinte par Stefan Zweig dans le Monde d’hier.

Eric Tariant

Nuda veritas

«·Gustave klimt et les origines de la sécession viennoise (1895-1905)·»

Musée des beaux-arts de Budapest

1146 Budapest, Dózsa György út 41.

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www.szepmuveszeti.hu

Jusqu’au 9 janvier

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