Jacques OgerTour à tour comédien, scénariste, réalisateur de films et monteur, Jacques Oger a créé en 1986 l’association Film et spiritualité qui vise à témoigner de la dimension spirituelle de l'homme à l'aide du cinéma et des techniques audio-visuelles. Portrait.

 

« Vivre à quoi ça sert ? ». Un livre de Sœur Emmanuelle est posé sur le canapé, non loin d’un autre de Stan Rougier. Des piles de DVD, de cassettes vidéos, de livres et revues d’art s’entassent sur les étagères de sa bibliothèque, sa table de travail et dans des cartons posés au sol  Des icônes de la Vierge et de Saint Séraphin de Sarov rayonnent au milieu de ce joyeux fatras. Le maître des lieux qui a épousé la Foi Orthodoxe règne sur son appartement-bureau le sourire aux lèvres. L’homme a le tutoiement facile. Touche à tout, il a été tour à tour comédien, scénariste, réalisateur de films et monteur. Avant d’enfiler une nouvelle casquette, celle de passeur et d’éveilleur de conscience en créant en 1986 son association Film & spiritualité. Comment passe t-on du métier de comédien à celui d’animateur de rencontres-débats cinématographiques ? « Au cours d’une tournée en Tunisie, un soir, une cassure s’est produite en moi, explique t-il. Je ne désirais plus jouer la comédie de la vie par le biais de personnages de théâtre. Je voulais être moi-même. Nous étions à la veille de mai 1968 ! Cela a été le début d’une longue quête vers une nouvelle naissance. » Au début des années 1970, il créé Initia qui a pour but l’étude et la promotion de l’art comme moyen d’approche de la connaissance. Il cherche à puiser aux sources des grands enseignements traditionnels transmis par l’art pour inviter chacun à s’engager sur la voie d’une nouvelle naissance personnelle, prémices d’une renaissance collective.

 

Respiration de l’âme

« Nombreux sont ceux pour qui l’art n’est qu’un jeu (…) Pourtant l’art est une fonction essentielle de l’homme, indispensable à l’individu comme aux sociétés, insistait dans un texte fondateur l’historien d’art René Huygue, qui fut membre du Comité d’honneur d’Initia. Par lui, l’homme s’exprime plus complètement et se réalise mieux. Par lui, le monde devient plus intelligible et accessible, plus familier. Il est une sorte de respiration de l’âme analogue à celle, physique, dont ne peut se passer le corps. L’être isolé ou la civilisation qui n’accèdent pas à l’art sont menacés d’une secrète asphyxie spirituelle, d’un trouble moral. »

Jacques Oger s’ouvre ensuite au cinéma grâce aux rencontres cinématographiques de Flaine dont il est l’animateur culturel. Il y croise des réalisateurs, fait ses premiers pas dans le montage puis devient réalisateur. Il écrit le scénario de son premier court métrage, L’amante religieuse, de facture surréaliste, qui sera montré en 1972 aux Rencontres internationales Film et jeunesse de Cannes. C’est le début d’une longue histoire d’amour avec le cinéma. Il se passionne pour les films de Dreyer, de Bunuel, et bien sûr ceux de Bergman dont le Septième sceau qui visent à donner un sens spirituel à notre civilisation matérialiste. « Ici en Suède, nous avons tout. Mais, au milieu de cette vie pleine, nous avons un grand vide : l’illusion perdue de Dieu, un besoin de sécurité intellectuelle qui vienne compenser toutes les insuffisances de la sécurité matérielle et sociale. C’est ce vide et tout ce que les hommes inventent pour le remplir que je décris dans mes films », confiait le réalisateur des Fraises sauvages dans un entretien accordé à l’Express.

En 1986, il créé Film & spiritualité qui se donne pour but de témoigner de la dimension spirituelle de l’homme grâce au cinéma. Il organise un Festival annuel et des rencontres régulières au Centre Sèvres à Paris, puis plus tard au Cinéma Cosmos, rue de Rennes. C’est aujourd’hui à l’auditorium Jean XXIII, rue Saint Jacques, dans le Ve arrondissement de Paris que se tiennent, le samedi, ses rencontres-débats. Trois approches de l’art y sont déclinées : l’art moyen d’expression fondamentale de l’être, l’art témoin privilégié des civilisations et enfin, l’art appréhendé comme voie d’accès aux mystères du divin.

La dernière édition des rencontres débats qui s’est clôturée au printemps, proposait de janvier à mai, une bonne dizaine de projections sur des thèmes variés. Les « Chrétiens d’Orient » invitaient à découvrir l’engagement des Chrétiens d’Arménie, du Liban ou de l’Ethiopie. Dans une autre section baptisée « l’art et la foi face aux épreuves » le public a pu découvrir la foi profonde d’Edith Piaf, l’humilité et l’abandon à Dieu de Sainte Thérèse de Lisieux. Chaque film est présenté par le réalisateur, l'auteur ou des personnalités concernées, qui s'impliquent ensuite dans un débat avec les adhérents et les sympathisants de l'Association : enseignants, psychologues, théologiens, écrivains, artistes, retraités, étudiants... ou tout simplement des hommes et des femmes en quête d'ouverture, de poésie, de beauté et de spiritualité, heureux de pouvoir dialoguer avec des créateurs.

 

Obéissance intérieure

En 1992, Jacques Oger décide de recentrer son activité de réalisateur sur les films de spiritualité. Pour ce faire, il crée une société de production baptisée Thabor films. Son premier projet : produire une série de cinq vidéo cassettes sur la prière dans les Traditions monothéistes. En 1996, il réalise un long métrage sur Théodore Monod, protestant humaniste; émerveillé par l’extraordinaire diversité du monde vivant, « veilleur » appelant au respect de la vie sous toutes ses formes.

« Quand je prépare un film, observe t-il, j’essaye d’être dans une sorte d’obéissance intérieure, d’écouter l’inspiration. Alors, je suis sans crainte, et les choses semblent se révéler d’elles mêmes. »

 

Eric Tariant

 

Pour aller plus loin :

 

Film & spiritualité

65 rue Brillat-Savarin

75013 Paris

Tél. : 01 45 65 04 97

Mobile : 06 62 60 80 01

Site : www.film-spiritualite.org

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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