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La galerie Vieille du Temple expose une vingtaine de paysages de Vincent Bioulès inspirés de lieux (Pic saint Loup, Lozère, Aigues-Mortes etc) que le peintre reconstitue de mémoire dans son atelier.

 

Formé à l’école de Supports-surfaces dont il fut l’un des membres fondateurs au début des années 1970, Vincent Bioulès a conservé de cette courte aventure un certain talent à marier figuration et non-figuration.

En témoigne « Maguelone, temps gris » accroché dans l’entrée de la galerie et composé de quatre bandes horizontales mouchetées de fines petites touches claires. Au ciel gris perle, répond la mer gris-bleu barrée par une langue de terre vert foncé. On se trouve aux portes de l’abstraction dans cette toile peinte en 2012-2013 où le temps semble comme suspendu. Cette même juxtaposition de bandes horizontales -le ciel, la mer et une chaine montagneuse qui s’étire à l’horizon- apparaît dans « Midi » où le peintre s’adonne aussi à des recherches atmosphériques et chromatiques. La lumière violente et blanche qui sculpte la plage au premier plan contraste avec le ciel bleu cobalt et lourd de l’arrière plan qui s’assombrit à l’approche de l’orage. Un peu plus loin, dans une autre salle donnant sur une cour intérieure, se trouve une autre toile saisissante : un homme et une femme, seuls, plantés sur une plage font face à l’immensité de l’océan, cône sombre et tourmenté, éclairé par un ciel bleu outre-mer bombardé d’un crépitement de petites touches rouges pâles, blanches et jaunes. Caspar David Friedrich n’est pas loin.

Pour cette deuxième exposition personnelle consacrée à Vincent Bioulès, la galerie Vieille du Temple a sélectionné une vingtaine de paysages récents de l’artiste. Beaucoup d’huiles-des grands et des petits formats- mais aussi quelques dessins : fusains, tempera, aquarelle. L’occasion de (re)découvrir les lieux qui hantent sa peinture depuis de longues années : le Gévaudan, la Margeride, le Pic-Saint-loup mais aussi le petit village de Laubert, en Lozère, où la famille Bioulès passa de nombreux été. C’est une autre facette du peintre qui apparaît ici. Un Bioulès hectique, saisi d’une ardeur boulimique à retranscrire tout ce qu’il voit, d’une urgence à témoigner du réel. Ce réel si difficile à saisir et jamais complètement acquis. Sous son pinceau, la lumière d’été nimbe la villégiature familiale. Il figure les collines jaunies par le soleil, la promenade ombragée qui ceinture le bourg, les vaches qui paissent en robes blanches et les petits nuages meringués qui flottent dans le ciel bleu pâle.

 

Suturer.

Emporté par un appétit de tout montrer, de tout peindre, il réalise des toiles saturées, chargées de motifs et de références. Des œuvres qui peuvent décontenancer un public trop pressé qui ne prendrait pas le temps de s’abandonner à l’expérience sensorielle. De se laisser emporter par ces tableaux qui traduisent le bonheur de transcrire les petits miracles du quotidien : la vibration de l’air, l’indicible que seule la peinture peut révéler. « Le but du peintre est de montrer aux gens des choses qui sont à côté d’eux et qu’ils ne voient pas, explique Bioulès. Figurer, ce n’est pas représenter le réel, c’est faire accéder au réel. C’est passer du réel à la réalité. La peinture nous permet de suturer, de relier ce qui était dispersé. »

Vincent Bioulès aime se mettre au défi mais aussi désarçonner en faisant surgir quelque chose d'inconnu dans son travail. Ici, une ombre fuit le long du mur d’une propriété tandis qu’une petite éolienne se dissimule derrière un platane (« Le chemin de Jacques Bonnal », 2012-2013). Là, des cernes lourds et gras enveloppent les arbres et les nuages d’un paysage provençal (« D’après le croquis de maman »; 2010-2012) rappelant la peinture grave du languedocien Auguste Chabaud.

Vincent Bioulès est représenté par plusieurs galeries en France : Hélène Trintignan à Montpellier, Alain Paire à Aix-en-Provence et Marie-Hélène de la Forest Divonne (galerie Vielle du temple) à Paris qui a pris le relais de la galerie Vidal-Saint Phalle. La majorité de ses collectionneurs sont français. Pour acquérir une belle huile du peintre, il faut compter entre 8 000 (80 x 100cm) et 25 000 euros (195 x 130cm). Les petits formats (20x 30cm) peints sur le vif, ses petits tableaux « sauvages », se négocient, eux, entre 1200 et 1500 euros. Pour un dessin de bon format, comptez entre 3000 et 6 000 euros. En galerie sa cote reste stable. En vente publique, où ses œuvres sont rares -particulièrement depuis dix ans- ses toiles dépassent rarement 3 à 6000 euros. La rétrospective Vincent Bioulès, programmée en 2016 au Musée Fabre de Montpellier, devrait permettre d’attirer les projecteurs sur cette œuvre qui tente d’aborder la figuration sous un jour nouveau.

 

Eric Tariant

 

Vincent Bioulès

Jusqu’au 13 juillet

Galerie Vieille du Temple

23, rue Vieille du Temple

75004 Paris

Tél : 01 40 29 97 52

www.galerievieilledutemple.com

 

 

 


Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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