Refuser de se laisser déposséder de ses marges d'action

André Aschieri est un militant dans l’âme. Révolté contre les injustices, humaniste, écologiste et citoyen, il a lutté tout au long de ses quelques quarante années d’engagement politique, au niveau local puis national, pour la préservation de notre environnement et contre l’argent roi. Maire depuis 1974 de Mouans-Sartoux, une commune située entre Cannes et Grasse dans les Alpes-Maritimes, André Aschieri a été de tous les combats contre les hérésies d’un aménagement aveugle au seul service du trafic routier et du mitage immobilier. Au nombre de ses plus belles victoires figurent la réouverture, en mars 2005, de la ligne ferroviaire Cannes-Grasse et l’annulation du projet de doublement de l’Autoroute A8. Vice-président de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET) qu’il a créé à la fin des années 1990, il est aussi membre du Grenelle de l’environnement.

Quand et pourquoi vous êtes-vous porté candidat à la mairie de Mouans-Sartoux·?

Je suis devenu adjoint au maire de Mouans-Sartoux dans les années 1960 à la suite d’un combat que j’ai initié contre un projet immobilier de grande envergure. J’étais alors professeur de mathématiques dans un collège. Le sport –le handball en particulier- me passionnait plus que les affaires publiques. Tout a commencé en 1965. J’ai appris que le maire en place avait décidé d’exproprier cent paysans, cent propriétés agricoles pour construire un ensemble de 3 000 logements. Mouans-Sartoux qui ne comprenait pas plus de 1500 habitants au milieu des années 1960 serait passé à 15 000 habitants en une seule opération si nous ne nous étions pas opposés à ce projet. Le simple fait d’imaginer cette greffe immobilière à côté de notre village m’a rendu fada. Nous nous sommes tous réunis avec les paysans. Comme je gueulais un peu plus fort que les autres, j’ai été élu président du groupe de défense. Nous avons réalisé alors que nous n’avions aucune chance d’aboutir si nous ne prenions pas la mairie. Nous avons constitué une liste de gauche et avons été élus avec 70% des suffrages exprimés. Je suis resté 9 ans adjoint au maire avant d’être élu maire, pour la première fois, en 1974. Notre liste a été réélue, le 9 mars dernier, avec plus de 81% des suffrages exprimés au premier tour des municipales.

 

Avez-vous pu, dans les années qui ont suivi, résister aux assauts des promoteurs immobiliers et à la pression foncière qui trop souvent conduisent au mitage des campagnes françaises·?

J’avoue que nous avons moins bien réussi en matière d’urbanisme. Il y a eu trop de constructions. En 1974, nous étions autour de 2500 habitants. Aujourd’hui nous sommes 10 000. C’est beaucoup. Mouans-Sartoux était un village de paysans. Ceux-ci vivaient de la culture du jasmin et de la rose qu’ils apportaient à la parfumerie. Un beau jour, cette dernière a décidé d’acheter ses fleurs à l’étranger. Les paysans, qui se sont trouvés sans ressources, se sont mis à vendre leurs terrains. Les terres agricoles dédiées à la vigne, aux oliviers, aux roses et au jasmin se sont transformées ainsi en habitat pavillonnaire. C’est mon échec. Mais il était difficile de faire autrement. Nous nous sommes efforcés de freiner ce développement en établissant un Plan d’occupation des sols (POS). Nous avons toujours privilégié l’achat de terrains. Le centre du village fait quatre hectares. Nous avons acheté autour, au fil des ans, vingt hectares de terrains. Ce qui signifie que presque toutes les terres situées autour du centre village nous appartiennent. Grâce à ces vingt hectares, nous avons pu installer tous les équipements nécessaires à la population en plein centre ville, dans un rayon de 500 mètres autour du cœur du village : les commerces, la médiathèque et le cinéma, un collège, deux gymnases, un stade et la gendarmerie. On peut se rendre partout à pied, sans prendre de véhicule. Cela contribue à la qualité de vie à Mouans-Sartoux. C’est peut-être ce que nous avons réussi de mieux.

 

Vos convictions écologistes sont elles nées dans ces années là, à l’occasion de votre combat contre ce projet immobilier·?

Je n’étais pas écolo. J’étais fils de paysans. Chez nous, on ne jetait rien, on ne gaspillait rien. On faisait du compost naturellement. On consommait peu car on n’avait pas d’argent. On a vécu chichement. Mouans-Sartoux a toujours été une des communes les plus pauvres du département. Je n’avais pas d’ambition particulière, quand j’ai monté cette liste à l’occasion des municipales de 1965, si ce n’est sauver les meubles. Notre chance a sans aucun doute résidé dans notre pauvreté. Cela nous a donné l’obligation d’avoir des idées. Confrontés à cette menace d’expropriation, il nous a fallu lutter. Et nous l’avons emporté. Par la suite, nous nous sommes battus contre l’extension de l’autoroute et pour le retour du train. A la fin de la guerre d’Algérie, Mouans-Sartoux a été une des rares communes des Alpes Maritimes qui a accepté d’accueillir des harkis. Nous avons accueillis cinq cent harkis. Nous avons construit par la suite des logements sociaux pour les héberger en pleine zone résidentielle. Les autochtones renâclaient mais cela s’est bien passé. Nous avons cherché à mélanger les populations. Nous avons mené un travail pour que la parole commence à émerger et pour que les gens traduisent en mots les souffrances qu’ils avaient vécues. Nous étions un des villages les plus pauvres des Alpes-Maritimes. Cela a été notre chance. Pendant des années, nous n’avions aucun autofinancement à la mairie. Nous parvenions juste à équilibrer nos comptes. Etant pauvres, nous avons dû réfléchir. Nous avons construit, au début des années 1980, une zone d’activités dans un parc paysager, au milieu des pins. Celle-ci réunit aujourd’hui plus de 150 entreprises et emploie quelques 1500 personnes.

 

Mouans-Sartoux est connue pour avoir fait le choix des régies municipales. Quand et pourquoi avez-vous décidé de gérer les services publics municipaux en régie·?

La gestion des services publics en régie est sans doute le plus important combat que j’ai mené dans ma commune. D’entrée, je me suis dit qu’il fallait conserver la gestion des services publics. Refuser de se laisser déposséder de ses marges d’action. Des cadres de la Lyonnaise sont venus nous voir en mairie en soutenant que nous ne serions pas capables de gérer une régie des eaux. Cela m’a piqué au vif. J’ai créé cette régie des eaux dans les années 1960. Nous avons choisi de tout exploiter en régie municipale·: le traitement et la distribution de l’eau, l’assainissement, les transports scolaires, les pompes funèbres (la cérémonie des obsèques est gratuite) et les cantines scolaires. Nous nous efforçons ainsi par exemple de proposer aux élèves, dans chaque cantine scolaire, une nourriture biologique. Les jeunes peuvent ainsi manger des fruits et légumes de saisons ainsi que du pain et de la viande biologiques. Manger des fraises en hiver est une absurdité. Nous avons créé trois petits jardins potagers. Les jeunes ramassent des feuilles et des épluchures pour faire leur propre compost qui deviendra du terreau. Ils apprennent à planter et voient les plantes pousser. S’il y a un petit espoir de sauver l’humanité, c’est à cette jeune génération qu’on le devra.

Nous avons créé un conseil municipal des jeunes que l’on réunit une fois par mois. Il y a cinq représentants par école. Ces jeunes nous proposent des choses extraordinaires comme œuvrer pour l’écologie, en faveur des handicapés, ou des pays du Tiers monde.

Nous menons ainsi une politique de coopération en direction des pays les moins avancés. Nous prélevons 1% des recettes de la Régie des eaux que nous affectons au financement d’adductions d’eau en Afrique. Ces sommes sont réparties entre cinq ONG de coopération avec les pays africains installées à Mouans-Sartoux qui se chargent d’aider les populations à construire des puits dans des pays d’Afrique. Nous parvenons ainsi à aider, en amenant de l’eau potable, une population équivalente à celle de Mouans-Sartoux. Le petit 1% prélevé sur nos recettes permet à ces populations africaines de subvenir à la totalité de leurs besoins en eau.

Si l’Occident donnait aux pays les moins avancés 1% de son PIB, nous sortirions ces pays de la pauvreté. Qu’est ce que représente, pour des pays riches, 1% de leur budget·?

 

Vous avez lutté également contre le «·tout routier·» et pour un retour du chemin de fer dans votre commune.

Nous connaissions de longue date de gros problèmes de circulation au sein du Moyen Pays. Nous pensions depuis longtemps qu’il fallait rouvrir la ligne de chemin de fer Cannes-Grasse qui avait été fermée avant guerre, il y a 67 ans. Grasse était la seule ville importante (50 000 habitants) qui n’était pas directement reliée au littoral. Dès que j’ai été élu maire, j’ai soutenu que l’on ne pouvait pas continuer à tout miser sur la voiture et qu’il fallait rouvrir cette ligne. Et je me suis battu pour conserver ce qui existait·: la gare, la ligne de chemin de fer. Nous y organisions régulièrement de grandes fêtes. Nous avons rénové la gare avec un chantier de jeunes. Et installé sur le bâtiment un panneau «·Mouans-Sartoux attend le train·». Pour nombre d’élus, le train était devenu un mode de transport du passé, quelque chose d’obsolète. Nous avons tenu bon. Nous avons réussi, pendant trente ans, grâce à une animation et à une vigilance constante, à conserver la gare et les rails. Nous avons ainsi pu éviter que chacun s’approprie une partie de l’emprise du chemin de fer. Les prix des terrains sont tellement chers, que si l’on avait laissé faire, c’en était fini de nos espoirs. Nous n’aurions jamais pu faire circuler le train au milieu des villas.

Pour pallier aux difficultés de circulation dans l’arrière pays, les pouvoirs publics nous ont, par la suite, proposé de réaliser un doublement de l’autoroute A8 en créant l’A8 bis dans le Moyen Pays. Ce tronçon aurait coupé en deux Mouans-Sartoux et abîmé trois quartiers de notre commune. Tous les élus étaient alors favorables à la voiture et au doublement de l’A8. Nous étions les seuls à Mouans-Sartoux à nous opposer à ce projet dans le cadre de l’élaboration du schéma directeur Cannes-Grasse-Antibes. Nous avons mené un combat contre l’autoroute A 8 bis qui a duré onze ans, de 1986 à 1997.

Nous avons combattu comme des fous. Nous avons acheté une montgolfière pour rendre publiques nos revendications, vendu des cartes postales contre l’A8 bis que nous avons expédiées à Jacques Chirac qui était alors premier ministre. En réunion publique, j’ai jeté ma légion d’honneur au Préfet et je l’ai envoyée à Chirac.

Elu député en 1997, j’ai été appuyé par Jean-Claude Gayssot, le ministre de l’équipement, des transports et du logement, par Dominique Voynet qui était ministre de l’environnement et par Michel Vauzelle alors député et président du Conseil Général. Nous avons décidé d’avancer ensemble, tous les quatre, sur ces dossiers. Un mois après, l’arrêté de projet d’intérêt général de l’autoroute A 8 était annulé par Voynet et Gaissot. Nous avons alors commencé à réfléchir avec Vauzelle à la possibilité de remplacer l’A8 bis par la ligne de chemin de fer Cannes-Grasse. Nous sommes parvenus à inscrire cette ligne dans le contrat de plan Etat-Région-Département ainsi que la troisième voie littorale SNCF entre Cannes et Nice.

La réouverture de la ligne de chemin de fer Cannes-Grasse a été inaugurée en 2005 par Louis Gallois, le PDG de la SNCF. Les prévisions de circulation tablaient sur 800 voyageurs par jour. Actuellement, 3000 personnes empruntent tous les jours un des 35 trains quotidiens. Le rail a gagné contre la route. Aujourd’hui, tous les élus sont favorables au train et au TGV. On connaîtra dans un mois ou deux le futur tracé du TGV en direction de Nice. Nous proposons que le TGV arrive dans le centre de Nice et non en pleine campagne comme à Avignon. Ce afin d’éviter ces parkings immenses que l’on observe en gare TGV d’Avignon et ne pas devoir emprunter sa voiture. Si la SNCF parvenait à desservir Nice en 3h40, elle pourrait concurrencer l’avion et décongestionner l’aéroport de Nice qui est saturé. Nous revenons, peu à peu, aux choix en matière de transport qui avaient été effectués avant la guerre et qui privilégiaient les tramways et les trains.

 

Vous avez œuvré également pour tenter de décongestionner la circulation dans le centre ville de Mouans-Sartoux·!

Nous avons organisé des réunions publiques portant sur la circulation. Les habitants se sont au début un peu disputés. Puis, ils ont opté, de leur propre chef, pour la fermeture à la circulation de plusieurs rues du centre village. Nous devrions obtenir, dans un futur proche, que la totalité du centre du village devienne piéton. Nous avons également un autre projet. Près du château de Mouans-Sartoux se trouve un grand parking. On aimerait enterrer ce parking et prolonger par-dessus le parc du château avec l’aide du paysagiste Gilles Clément.

Mouans-Sartoux existe. Les combats que l’on a menés pour le train et contre l’autoroute, et plus récemment contre l’implantation d’un magasin Ikea, fédèrent la population. Mais la pression foncière demeure forte. Ikea qui devait s’installer sur une zone de huit hectares située à 300 mètres de notre centre ville était le cinquième projet de la ville de Mougins pour occuper cette friche située aux confins de nos deux communes mais sur le territoire de Mougins. L’installation d’Ikea aurait entraîné un accroissement du trafic automobile sur notre commune (10·000 véhicules supplémentaires) et menacé nos commerces de centre ville. La municipalité de Mougins qui a dû retirer à l’automne dernier son projet, refusé au niveau départemental puis national, envisage désormais d’implanter sur cette même zone 56 000 m2 de surfaces commerciales. Si les propositions du rapport Attali visant à déréguler les textes qui réglementent l’implantation et les règles de concurrence dans la grande distribution (projet de suppression des Commission départementale d'équipement commercial) sont adoptées, nous sommes foutus.

 

Vous évoquiez précédemment le château de Mouans-Sartoux qui abrite l’Espace de l’art concret. Qu’en est-il précisément de la politique culturelle de votre commune·?

L’Espace de l’Art Concret a été créé, en 1990, dans le but de sensibiliser le public le plus vaste à l’art d’aujourd’hui. Nous avions auparavant acheté le parc et le château de Mouans-Sartoux grâce aux revenus générés par une année de taxe professionnelle de notre zone d’activités. Nous avons inauguré, en 2004, un nouveau bâtiment spécialement conçu pour abriter la donation réalisée par les artistes Sybil Albers et Gottfried Honegger. Il fallait être fou pour construire un bâtiment ultra moderne vert pomme comme nous l’avons fait à proximité d’un château qui existait depuis 500 ans. Nous avons imposé le projet contre une partie du conseil municipal qui y était opposé. Ce projet s’est spécifiquement orienté vers l’éducation artistique des jeunes publics. Depuis son ouverture, l’Espace de l’Art Concret a accordé une place essentielle à la pédagogie et s’est affirmé comme un lieu de référence dans ce domaine. En 1998, les Ateliers pédagogiques « Art-Recherche-Imagination » étaient créés pour «apprendre à regarder, car regarder est un acte créatif», soutenait Gottfried Honegger.

L’aménagement du parc du château a été confié à Gilles Clément. Le paysagiste a été invité deux fois à Mouans-Sartoux lors du festival du livre. Depuis plus de vingt ans nous poursuivons, à travers ce Festival du Livre, une réflexion sur le monde tel qu'il vit aujourd'hui, cherchant à croiser le regard des observateurs - des écrivains du texte et de l'image, des poètes, des philosophes, sociologues, historiens, journalistes, scientifiques, politiques -, et celui, citoyen, des habitants de ce monde. Il est conçu comme un lieu d'échanges et de discussions sur des thèmes forts du monde contemporain. La parole et la participation du public sont primordiales. Regarder le monde tel qu'il est avec ses catastrophes qui dessinent un avenir incertain, mais aussi les utopies, les espoirs les plus fous qui naissent ici et là. Le monde perçu, à travers les médias et le cinéma. Le monde vécu, avec les récits de grands témoins au cœur de l'Histoire en train de se faire. Nous voulons créer, l'espace de quelques jours, un grand bouillon de culture avec pour dénominateur commun la rencontre des personnes et des idées autour de l'écriture sous toutes ses formes. C’est un Festival du Livre foisonnant et vivant où se rencontrent plus de 50 000 personnes autour de milliers de livres, de 100 débats et conférences et de 350 auteurs. L’édition 2008 qui se tiendra du 3 au 5 octobre s’intitule «·Résistances·: origines du futur·?·».

Le festival est abrité dans la médiathèque qui a été inaugurée au début des années 2000. Elle compte aujourd’hui 6400 adhérents pour 10·000 habitants. C’est dans la médiathèque qu’a pris place notre Cinéma, la Strada, qui a été placé en délégation de service public. Il enregistre environ 300·000 entrées annuelles alors que nous tablions, au début, sur 60·000 billets vendus.

 

Quelles ont été vos principales actions en tant que député de 1997 à 2002·?

Quand je me suis présenté aux législatives de 1997, la droite était divisée. Il y avait trois candidats de droite contre moi. Je l’ai emporté, au second tour, contre celui du Front National.

Arrivé à l’Assemblée nationale, j’ai pris en charge, outre le dossier de l’annulation du projet d’autoroute A8 bis, des questions liées à la santé publique. En 1997, nous sortions de trois crises terribles·: les affaires du sang contaminé, de la vache folle et de l’amiante. A l’Assemblée nationale, nous avons créé avec Jean-François Mattei, l’un des spécialistes de santé au sein de l’opposition, l’Etablissement du centre français du sang qui a succédé au Centre national de transfusion sanguine qui avait failli. Nous avons obtenu la majorité en parvenant à mobiliser une partie des députés de droite et une partie des députés de gauche. J’ai contribué aussi à créer l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (AFSSET). Il s’agissait d’entreprendre quelque chose pour s’attaquer à des problèmes comme l’amiante mais aussi de réfléchir aux causes environnementales du cancer. Le gouvernement Jospin m’a confié une mission parlementaire. Celle ci m’a permis de voyager dans plusieurs pays, au Danemark notamment, pour voir comment cela se passait. J’ai profité d’une fenêtre parlementaire pour faire adopter ce texte par l’Assemblée nationale. Le texte est passé ensuite au Sénat qui l’a amendé. Il a fallu quatre lectures pour qu’il soit adopté. J’ai essayé sans succès d’intégrer des questions touchant au nucléaire et aux OGM dans le texte. Des opposants voulaient faire disparaître cette agence. Pendant trois ans le dossier n’a pas avancé. L’agence ne regroupait au début qu’une dizaine d’employés réunis dans 300 m2 de bureaux. Elle compte aujourd’hui 100 salariés (des chercheurs de haut niveau sur la toxicologie, l’éco-toxicologie et l’épidémiologie) sur 3 000 m2 de bureaux. En 2005, son champ de compétence a été étendu, outre l’environnement, aux questions liées au travail. J’ai été réélu, en octobre dernier, à la vice-présidence de cet organisme par 14 voix contre 2.

Je suis parvenu également, pendant mon mandat, à faire passer le projet de création de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Cet institut est maintenant indépendant du CEA. Il permet de surveiller les problèmes que génèrent les déchets nucléaires. Ce texte est passé in extremis. Il a fallu se battre pour faire passer le décret d’application, se battre pour trouver des locaux.·

Enfin dernièrement, j’ai été membre du Grenelle de l’environnement au sein du groupe de travail numéro 3 «·Santé et environnement·». L’Institut de veille environnementale que je n’ai pas réussi, à ce jour, à mettre sur pied, malgré dix ans de travail, a été évoqué par Sarkozy dans son discours prononcé lors de la clôture du Grenelle. La création d’un Institut de veille environnementale serait capitale pour connaître la pollution des milieux, les émissions de polluants, autant de données qui sont aujourd’hui dispersées, parfois même pas collectées.

 

 

Pour aller plus loin·:

 

Lire les ouvrages d’André Aschieri publié aux éditions de La Découverte

• La France toxique(1999)

• Silence, on intoxique·! (2005)

 

Mairie

06·370 Mouans-Sartoux

Contact·: 04 92 92 47 00 ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

www.mouans-sartoux.com

 

 

«·Mon combat contre les empoisonneurs·»·:

À l’heure où les produits toxiques n’ont jamais fait autant de victimes, les industriels redoublent d’imagination pour cacher leur responsabilité. Dans son dernier livre, André Aschieri, ancien vice-président de l’Agence française de sécurité sanitaire environnementale et du travail, dévoile la manière dont les grands lobbies industriels (chimie, biotechnologies, agroalimentaire, nucléaire…) s’organisent en France et en Europe pour paralyser la prévention malgré la progression dévastatrice des maladies « environnementales ». Et comment des élus et des responsables politiques leur apportent un soutien actif…Documents et preuves à l’appui, il révèle comment, pour protéger leurs marchés, des lobbyistes s’efforcent d’influencer les gouvernements et ceux qui font la loi, mais aussi de neutraliser les agences chargées d’évaluer la toxicité de leurs produits. Cela d’autant plus que ces produits - qui entrent dans notre alimentation, nos vêtements, notre mobilier ou nos médicaments - connaissent d’intenses transformations (grâce aux nouvelles molécules, aux nanomatériaux et aux biotechnologies). Les retombées économiques attendues par les investisseurs sont si grandes qu’ils font preuve d’un cynisme sans précédent. Ce témoignage rigoureusement argumenté délivre aussi un formidable message d’espoir : André Aschieri montre en effet que son combat est d’abord celui qu’il partage avec un nombre croissant de réseaux et d’experts citoyens, qui constituent désormais, dans tous les domaines, un contre-pouvoir devenu incontournable face à la puissance des empoisonneurs.

Mon combat contre les empoisonneursd’André Aschieri.

La découverte. Cahiers libres. Octobre 2010.

 

 


Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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