Princesse de_Polignac_1Eprouvée par la vie, elle a sillonné l’Afrique noire et les Amériques à la recherche de sens et de cohérence. C’est auprès des peuples premiers qu’elle a trouvé sa voie et s’est trouvée elle-même en recouvrant la santé. Fidèle à sa devise inspirée de Paul Eluard -« Le passé n’est pas ce qui nous retient en arrière mais ce qui nous ancre dans le présent et nous donne le courage d’inventer l’avenir »- Constance de Polignac s’emploie à retourner à l’origine des choses. Elle insiste sur l’importance de la dimension spirituelle et d’une vie en communion avec la nature, évoque la nécessité d’un nouvel équilibre entre les principes masculin et féminin, et les initiations, encore en vigueur chez les peuples premiers, qui préparent aux grandes étapes de la vie. Entretien avec une princesse qui se dit être « autant pygmée qu’aristocrate française. »

 

Vous avez été confrontée très jeune à l’expérience de la fragilité de l’existence, de l’impermanence et de la mort…

J’ai été confrontée à la mort avant même ma naissance. Pendant la guerre de 40, ma mère, alors enceinte de moi, faisait de la Résistance. Poursuivie par la Gestapo, elle devait changer tous les jours de cache. On sait aujourd’hui qu’un foetus vit et ressent, avant l’accouchement, toutes les émotions de sa mère. Le gouverneur de Paris l’a aidée à sortir de Paris et lui a dit : « Sauvez vous, au-delà, je ne peux plus rien pour vous. » Elle est arrivée à Bordeaux, a pris une bicyclette et rejoint le bassin d’Arcachon où nous possédions une maison. Elle était sûre que le plus ancien des chauffeurs qu’elle avait l’y attendait avec une Bentley et le plein d’essence, car la propriété avait été occupée par l’Etat Major américain et nous avions une pompe à essence privée. Effectivement, il était là. Grace à ce fidèle chauffeur et à son initiative, nous avons pu rejoindre Tarbes où je suis née, sur le perron de notre maison, éclairée par les phares de la Bentley. Quinze jours après une nurse a failli m’étouffer, ayant trop serré mes langes. Ma tante qui est entrée par hasard dans ma chambre a vu que j’étais au plus mal. Nous sommes ensuite partis pour les Etats-Unis. Plus tard, à l’âge de 4 ans et demi, j’ai commencé à connaître des expériences de Vie et de Lumière totale, qui se sont poursuivies pendant de très nombreuses années. Il est donc évident pour moi que la vie est plus forte que la mort. Jamais elles ne doivent être dissociées car ce sont deux faces d’une même réalité. Pourquoi se fatiguer à être contre la mort alors que la vie est toujours là en abondance si l’on se contente de l’accueillir.

 

Qu’avez-vous vécu à l’âge de 4 ans et demi ?

C’est en effet à cet âge là que j’ai commencé à vivre des expériences spirituelles, numineuses ou mystiques très importantes, peu importe la dénomination, et ceci pendant toute ma jeunesse et bien après. Cela a été quelque chose de tout à fait extraordinaire, car sans ces expériences, sans doute n’aurais- je pas pu rester en vie, ou aurais- je perdu mon équilibre. Dans mon milieu, les femmes sont extrêmement dévalorisées. Elles mettent au monde cinq ou six enfants dans la seule perspective d’avoir un garçon. J’étais la quatrième fille, mon frère était le cinquième. La petite fille que j’étais alors, voyant et entendant des choses que les adultes manifestement ne voyaient pas et n’entendaient pas, se taisait, tout en sachant que la vraie vie était autre et qu’il était inutile de lutter contre ce qui pour moi était si évident.  

 

La dimension spirituelle a-t-elle été toujours importante dans votre vie ?

La dimension spirituelle est pour moi essentielle. Mais cela n’a pas de connotation religieuse. Tous les êtres humains sont avant tout humains quelles que soient leurs traditions. En revanche, je constate que nous ne sommes pas du tout centrés, et donc pas des êtres debout, comme nous le prétendons trop souvent. Les dimensions physique, émotionnelle et psychique de l’humanité révèlent automatiquement la dimension spirituelle lorsqu’elles sont alignées et en cohérence. Elle est alors percevable chez tous, sans même qu’il soit nécessaire de la mentionner, car elle génère une qualité de présence qui est une véritable reliance au tout. Il n’est plus très fréquent aujourd’hui de trouver cette présence. La pensée est agitée, l’âme égarée, le corps malmené. Et le féminin a été bafoué. Je ne suis pas féministe. Je suis pour le féminin. Le féminin fait partie des perceptions que nous devons absolument réintégrer en conscience dans tous les aspects de nos vies.

Nous vivons dans des civilisations patriarcales et matérialistes, donc déséquilibrées. Regardez comment se comportent les femmes de pouvoir : elles se comportent comme des hommes. Une véritable trans-formation (terme que j’ai choisi pour illustrer les « Itinéraires de transformation » que j’ai conçus au Domaine de Kerbastic) est devenue indispensable à ce sujet et les peuples premiers peuvent nous accompagner sur ce chemin qu’il nous appartient de redécouvrir aujourd’hui. Chez eux, la femme est initiée dès son plus jeune âge. Très jeunes, les femmes connaissent leur place et les hommes la leur. Chacun est conscient de son rôle et personne n’est dans la confusion. Ils n’ont ni peur de leur masculin, ni peur de leur féminin. Les initiés connaissent les limites que la société leur impose et leur place dans la société. Ces femmes respectent l’environnement, les autres et se respectent elles-mêmes. Tout cela se fait très spontanément.

 

Comment s’est fait cette rencontre avec les peuples premiers ? Est-elle née d’une insatisfaction ?

J’ai connu trois périodes de comas suite à des accidents de voiture. J’ai perdu la mémoire pendant sept ans. J’ai été complètement fracassée, au point de vivre comme un légume. A l’âge de 22 ans, j’ai décidé d’en finir avec la médecine occidentale. Elle était en train de me tuer lentement mais sûrement. Pour moi, ces comas étaient juste des piqures de rappel de mes expériences spirituelles passées : une façon de me dire : « là, tu vas peut-être un peu loin. On va te rappeler à l’ordre ». J’avais tendance à me laisser trop aspirer par les critères de mon milieu, entrainée dans une fébrilité inutile et égotique. J’étais plutôt jolie, j’étais une princesse courtisée. A chaque, fois, la vie me réorientait : « attention, ce n’est pas là que cela se passe ». Je l’ai vécu ainsi, et cela m’a beaucoup aidée à grandir.

Ayant dit non à la médecine allopathique, je suis allée chercher du côté des médecines énergétiques. Alors que je me portais un peu mieux, des personnes originaires de plusieurs pays d’Afrique équatoriale ont fait irruption dans ma vie. Consciente qu’il n’y a pas de hasard, j’ai alors perçu qu’il était temps d’aller à l’autre extrémité de moi-même afin de me retrouver véritablement.

J’ai senti que c’était en Afrique noire, et au Zaïre particulièrement, que je trouverais ce que je cherchais. Heureusement, la vie fait bien les choses et je fus alors désignée pour établir les relations diplomatiques entre l’Ordre Souverain de Malte et le Président Mobutu au Zaïre. J’ai découvert toutes sortes de tribus et beaucoup appris à leur contact. Ces rencontres m’ont surtout ramenée à mes origines, celles de l’humanité. C’est de cela dont j’avais besoin. Par la suite, j’ai fait la rencontre de plusieurs autres peuples premiers : les Algonquins , les Inuits, les Shuars, et bien d’autres.

 

Avez-vous pu côtoyer durablement ces peuples premiers ?

Oui, tout à fait, car eux seuls pouvaient me guérir sans me violenter. Dans ces sociétés, tout commence toujours par une vraie préparation, comme, par exemple, être allongé sur des herbes soigneusement choisies quand la lune présente une certaine position par rapport au soleil ; et l’on vous soigne alors avec des bougies Hopis, les sons des tambours, ou autres. Il s’agit toujours d’un rituel, d’une cérémonie, d’un acte imprégné d’une dimension sacrée.

Ces peuples m’ont beaucoup aidée grâce à l’étendue de leurs connaissances en matière de santé. On ne se parle pas beaucoup mais on se comprend parfaitement. Enfin, je rencontrais des êtres humains qui m’autorisaient à vivre mes différents états de conscience, ils en avaient l’expérience, et une connaissance spontanée et profonde. Ensuite ce fut Hawaï pour continuer ce chemin de guérison. J’habitais une maison face à la mer où je nageais avec les dauphins, les baleines et leurs petits. La nuit, j’allais sur le volcan. Tout cela se faisait naturellement, guidée par l’intelligence de la vie en moi.

Par la suite, ce fut au Nouveau Mexique. Depuis quelques années, je me rends souvent au Gabon où j’ai retrouvé les pygmées que j’avais déjà rencontrés au Zaïre. Au cours de toutes ces années, j’ai fait la rencontre de maîtres et de chamans un peu étonnés de voir cette princesse blanche qui n’était jamais malade lorsqu’on on lui faisait prendre certains breuvages. Je vivais mes initiations et me mettais à parler leur langue. Ils me considéraient comme un maître et m’incitaient à aller plus loin.

J’ai fermé la boucle en séjournant aux Etats-Unis dans un centre spécialisé dans les états de conscience. J’étais enfin prête à faire face, à revenir dans mon pays, et dans ma famille.

 

Parvenez-vous à évoquer, à transmettre sans trop de difficultés le fruit de ces expériences ?

Depuis deux ans, je dis les choses telles que je les ai vécues. Je suis poussée à évoquer ces expériences et c’est important. Ce que nous percevons comme des contradictions n’en sont pas véritablement : la mort et la vie ne font qu’un. Nous avons mis la mort de côté et nous ne vivons pas, nous survivons. Le message que j’ai perçu quand j’étais toute petite s’est confirmé au contact des peuples premiers, il s’est toujours précisé quand j’ai été confrontée à d’autres civilisations.

 

Certains parlent de mission, de tâche que l’on aurait chacun dans la vie, de don unique que nul autre ne possède…Quelle serait la ou le vôtre ?

Je n’aime pas beaucoup le terme de mission qui est un peu galvaudé. Une tâche ? Cela demande beaucoup d’efforts. Il n’est pas nécessaire de faire des efforts. Quand on laisse la vie nous habiter, on n’a pas d’effort à faire. Il suffit d’être. Nous faisons des efforts sans nom parce que nous voulons savoir, parce que nous voulons avoir et pouvoir. C’est ainsi que l’on s’épuise.

 

Qu’est ce que le concept « Art, nature et santé » que vous souhaitez développer à Kerbastic ?

L’art est présent avec la musique : le Festival Polignac et toutes les animations musicales que nous organisons à travers la Fondation. La nature par le biais de la transformation du Domaine de Kerbastic en un domaine agro-écologique. La santé découle, elle, de la pratique de l’art et du respect de la nature. Les peuples premiers possèdent un sens de la nature que nous n’avons pas du tout. Je souhaite créer un lieu où les gens puissent découvrir ce qu’est vraiment le concept de santé. Il ne s’agit pas seulement de ne pas être malade comme nous le croyons souvent. Nous avons perdu cette notion d’équilibre avec nous- même et avec notre environnement. Il est difficile d’être en bonne santé si l’on ne vit pas en harmonie avec l’environnement. Si ce n’est pas le cas, la nature vous agresse et vous devenez incapable d’activer votre phénoménal potentiel d’auto-guérison. Résultat ? Il y a rupture d’équilibre. Notre médecine allopathique, parfaite en cas d’urgence, n’a absolument rien compris. C’est une médecine où domine la peur. On lutte contre la maladie, on lutte contre la mort. C’est un combat permanent. On est épuisé avant même d’avoir pris le temps de guérir. Il faut, au contraire, faire de notre maladie un allié, ou tout au moins un adversaire –c'est-à-dire celui qui vous enseigne à vous surpasser- et pas un ennemi. De même pour la nature. Ces phénomènes sont tellement aigus dans notre société, en ce moment, que tout le monde a peur de l’autre. Cela atteint des niveaux de violence terribles. Le lieu de santé que je voudrais créer sera une espèce de havre serein mais vivant, un lieu où la conscience s’ouvre. S’il y a une chose à laquelle j’ai toujours tenu dans ma vie, depuis l’âge de cinq ans, c’est la conscience. Un être humain est là pour que sa conscience s’ouvre et intègre le tout. Nous sommes de grands ignorants, de grands orgueilleux et de grands inconscients. Nous ne connaissons même pas ce qui nous motive. Nous sommes rarement conscients que c’est l’inconscient qui nous guide fabriquant ainsi des tabous terribles dont l’argent, le sexe et la mort. Nous vivons dans des zones d’ombre, privés de toute initiation. Les traditions religieuses qui devraient être initiatrices ne le sont pas. Nous passons les plus grandes étapes de notre vie sans que personne nous accompagne et nous sécurise en nous disant : « voilà, tu vas aborder une étape fantastique ». On laisse l’enfant, l’adolescent ou l’adulte seul face aux épreuves. Les individus sont figés dans leurs croyances tétanisés par leurs craintes multiples. Nous luttons tous comme des fous contre ces petites morts, spécifiques à chaque étape.

 

J’ai entendu parler de la « princesse guérisseuse » ? Avez-vous des talents de guérison ?

Je ne guéris rien du tout. C’est la personne qui se guérit elle-même. Je lui partage juste l’énergie dont elle a besoin pour aller chercher son potentiel d’autoguérison qui va mobiliser son énergie vitale. Alors, le résultat est là, c’est vrai.

 

Envisagez-vous de témoigner de vos expériences par écrit à travers un livre ?

Ecrire me gêne un peu car je suis plutôt de tradition orale. Quand on parle, c’est beaucoup plus vivant, beaucoup plus humain. Il y a moins d’interprétation possible. On a perdu le sens du contact, de la relation humaine.

Pour s’engager vers une évolution consciente, il faut traverser beaucoup d’épreuves, sinon on suit toujours le même circuit. On répète les mêmes schémas et l’on n’avance pas. Un psychiatre de mes amis, spécialiste de schizophrénie, me disait que ses malades souffraient beaucoup moins de schizophrénie pendant la guerre. Quand une bombe tombait à leur côté, ils n’étaient plus malades. Nous avons peut-être une chance, si nous traversons des coups durs, des chocs de devenir moins schizophrènes, mais il faut être accompagné. J’insiste beaucoup sur le mental car j’étais moi-même très intellectuelle. A 16 ans, je lisais plusieurs pages et j’étais capable de tout restituer à la virgule près. J’ai vécu le premier coma à l’âge de 18 ans. Je n’avais plus que mon corps et mon esprit. Je n’avais plus de mental. J’étais face à moi-même, sans cette justification permanente que le mental exerce pour nous sécuriser. J’ai utilisé mon mental et j’ai trouvé cela gratifiant, mais la vie m’a signifié que ce n’est pas là que cela devait se passer. J’ai été aussitôt ramenée dans une autre direction. C’était comme des piqures de rappel de l’origine de mon être.

 

Avez-vous déjà rencontré de grands maîtres spirituels en Occident ?

Je n’ai jamais rencontré de maîtres en Occident. Et je ne le désire pas. Beaucoup ont été déviés de leur voie par notre culture de consommation. Pour trouver des maîtres authentiques, il faut vraiment être guidé quel que soit le lieu de la rencontre. Le chamanisme est devenu une mode en Occident et l’on coupe ainsi les rites de guérisons de leur contexte d’origine.

 

Comment parvenir en Occident en ce début de XXIe siècle à retrouver ces initiations qui nous font tant défaut?

Je ne suis pas sûre qu’il faille les retrouver. On risquerait de se lancer dans une sorte de mimétisme absurde. Il ne faut jamais chercher à retrouver quelque chose. Il faut chercher à être co-créateur avec l’énergie du moment, avec la dynamique qui se met en route. Nous avons la chance inouïe de vivre, en ce moment, une véritable initiation collective. Les initiations étaient importantes en ce qu’elles préparaient aux différentes étapes de la vie. Aujourd’hui, nombre de gens sont abîmés car la vie ne nous initie pas toujours de manière très tendre. Si on est préparé, on comprend que ces difficultés sont une initiation, qu’elles visent à nous emmener plus loin. On ne subit plus alors ces épreuves comme le ferait une victime mais comme une opportunité qui nous est donnée. Aujourd’hui, tout va très vite. Les portes du temps sont ouvertes et on reçoit les informations presque en direct. Seulement nos organismes ne sont pas prêts, nos cerveaux sont hyper intellectualisés. Comme nous ne parvenons pas à intégrer toutes ces informations intellectuellement, on « saute les plombs », comme l’on dit, on se dissocie de soi - même, ou l’on fabrique des cancers ou des maladies de dégénérescence. Il est important que l’organisme soit prêt au niveau cellulaire à recevoir cette intensité d’information. Il s’agit donc, et c’est le propre de toutes les initiations, de se libérer des mémoires cellulaires. Des mémoires cellulaires familiales, ancestrales, sociales, culturelles mais aussi de toutes les mémoires qui nous chargent d’un corps de souffrance inutile pour notre évolution consciente. C’est parce qu’il faut parvenir à se libérer de toutes ces mémoires passées que les initiations sont longues. Une fois cette étape passée, on devient alors apte à recevoir des informations, car libres d’un émotionnel qui nous fait réagir plutôt qu’agir.

 

En quoi consiste cette libération des mémoires cellulaires ? Ces purifications sont-elles pratiquées par les Peuples premiers ?

Ne sommes nous pas tous poussière d’étoile ? Nous avons au cœur même de nos cellules les mémoires de l’univers, comme celles de chaque événement vécu, ressenti en conscience ou pas. Aujourd’hui, plus encore que par le passé, l’information étant très envahissante, nous n’avons plus la connaissance suffisante et pas encore la liberté nécessaire pour ne pas nous laisser impacter par ce qui n’est pas essentiel à notre évolution consciente. Cette transition se vit pour l’instant surtout au niveau imaginal, c'est-à-dire comme un processus de métamorphose, sans doute encore en partie inconscient, mais malgré tout irréversible, telle la chenille qui devient inévitablement papillon.  

Les peuples premiers ont une connaissance à la fois spontanée et d’expérience de tout ces processus, car ils ont une connaissance profonde des organismes en général, de tous les règnes et des différents états de conscience, qui peuvent nous libérer de nos résistances, de notre aveuglement et de notre ignorance. Ils connaissent d’une manière innée qu’un problème ne peut être résolu au niveau de conscience auquel il a été créé.

Une purification préalable à toute guérison ou initiation est donc indispensable, afin de déprogrammer ces mémoires et de libérer nos corps de souffrance à tous les niveaux : purification des sens, de la mémoire et de l’intelligence comme le disait aussi Jean de la Croix et comme nous le retrouvons dans tout itinéraire spirituel de toute tradition. Ceci afin de lâcher les croyances qui nous ont servi jusqu’à ce jour, et qu’advienne une nouvelle conscience, favorisant l’émergence d’une nouvelle manière de vivre.

 

En quoi cela consiste t il ?

Ils agissent toujours selon les mêmes principes d’épuration et de coopération avec la nature et l’énergie vitale de chaque personne, tout en demeurant toujours reliés à la dimension sacrée de l’univers (c'est-à-dire en reconnaissant simplement notre participation possible mais humble aux forces de création qui nous dépassent). Ils utilisent leur connaissance des pouvoirs minéraux, végétaux et animaux, et des quatre éléments et leurs interactions avec les énergies et les pouvoirs humains. Ils n’ont de support que ce qui provient de leur environnement. Les nombreux et divers rites et cérémonies intègrent tout cela, et ouvrent ainsi les portes du temps, faisant du moment présent alors totalement vécu à tous les niveaux, un présent d’éternité, ouvert sur tous les possibles, car reliant la matière à l’immatériel, et le profane au sacré. Lorsque l’ombre est dévoilée, la lumière peut accomplir son œuvre de Vie, dont les manifestations nous paraissent alors la plupart du temps inimaginables, invraisemblables et insensées.

 

Qu’avez-vous appris d’essentiel chez les pygmées ?

J’y ai appris la liberté d’être, dans la légèreté, l’humour et le respect de toute forme de vie, à la fois dans l’abondance de la forêt vierge, alliée à la sobriété et la justesse de l’intention. Et bien d’autres choses encore, comme accepter de participer à l’équilibre entre l’esprit ou les esprits incarnés dans la matière, et ceux des mondes subtiles. Ils m’ont confirmée dans mon aptitude à vivre entre les mondes et tout en m’aidant à affiner ma perception des mondes subtils, et à consentir toujours plus simplement à mon incarnation.

 

En quoi ont consisté vos initiations auprès des Maîtres pygmées ?

Le processus est généralement le suivant : huit jours de purification, de préparation et d’observation, suivis de deux jours et deux nuits de rites et cérémonies d’initiations, parfois beaucoup plus. Cela ne peut être formulé en quelques phrases, peut être même pas en un livre, peut être seulement d’esprit à esprit….je vais essayer cependant. Cela consiste à laisser les esprits (et ici nous pouvons, je suppose, parler d’énergies inconscientes, lumineuses ou obscures, enkystées dans des mémoires, et générant des émotions) les laisser, donc, se manifester, les accueillir, les entendre, les voir, les différencier, les libérer ou les intégrer. Ceci dans un état de transe ou non, afin de ne plus les subir, mais de les maîtriser, jusqu’à ce que le lumineux absorbe l’obscurité, et ceci toujours en présence d’anciens, de maîtres, de sages. N’oublions pas que le propre de ces initiés est d’avoir une sensibilité libérée d’émotion, ce qui leur permet d’être en présence du présent, comme j’aime à le dire. Ne devons nous pas d’abord nous laisser conduire au cœur de nos zones d’ombres, pour ensuite y découvrir cette étincelle de lumière créatrice qui permet à notre âme d’agir en nous ? Ce chemin n’est en réalité jamais fini, l’existence elle-même devient initiatrice, étant certes parfois notre adversaire, mais en cela même, jamais notre ennemie, toujours notre alliée.

 

Dans ce processus de transformation y a-t-il selon vous, un message particulièrement important que détiendraient les sociétés traditionnelles ?

Je pense qu’il y a des connaissances importantes. Ces sociétés traditionnelles ont entre autre appris à respecter les étapes et les rythmes de la nature, comme ceux de notre humanité, ce que nous avons complètement oublié.

 

Edgar Morin dit, dans son dernier livre, la Voie, qu’il faut recueillir ce qu’il ya de meilleur des sociétés traditionnelles et le conjuguer avec le meilleur de l’Occident…

Il faut toujours être pour la vie. La vie est partout même si il y a des lieux où elle est un peu étouffée. Il est important d’aller toujours vers plus de vie au-delà de tout parti pris, de tout clivage religieux, philosophique. On a tellement été dans la survie, contre la mort, et de ce fait contre la vie, qu’aujourd’hui regardez…

 

Pensez-vous que toutes les résistances menées contre un modèle de développement à bout de souffle sont vouées à l’échec ?

J’ai l’habitude de dire : « je préfère user mes résistances plutôt que de me laisser user par elles ». Cela ne sert à rien de résister. Il faut que la population s’organise. Qu’elle arrête d’attendre quoi que ce soit de nos élites qui ne comprennent plus grand-chose car elles sont complètement déconnectées de la terre et de ceux qui vivent dessus. Il faut que chacun s’organise et retourne à l’origine des choses. Quand on ne retourne pas à l’origine, on perd cette reliance avec soi - même. Si l’on n’est plus relié, on ne peut plus être allié.

 

Vous n’aimez pas trop les chapelles ?

J’y étouffe. On dit que je suis révolutionnaire. Oui, au sens étymologique de « basculer ». Mais, on peut vivre cela avec beaucoup d’amour et de douceur.

Cela devient alors une véritable métamorphose, car la révolution est déjà faite, la trans- formation est en cours, nous invitant à la métamorphose qui d’ailleurs est amorcée, sans retour possible.

 

 

Pour aller plus loin :

La princesse Constance de Polignac organise des « Itinéraires de trans-formation » au Domaine de Kerbastic à Guidel dans le Morbihan.

 

Domaine de Kerbastic

Route de Locmaria

56 520 Guidel

Tél : 02 97 65 98 01

www.domaine-de-kerbastic.com

 

Lire :

La princesse Constance de Polignac a rédigé la préface du livre Au cœur de la Monnaie. Systèmes monétaires, inconscient collectif, archétypes et tabous par Bernard Lietaer (Editions Yves Michel, 2001) évoqué dans ce numéro d’Alliance dans l’entretien avec Bernard Lietaer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Citation

"L'utopie est un mirage que personne n'a jamais atteint, mais sans lequel aucune caravane ne serait jamais partie."

Proverbe arabe

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